L’Organisation des survivants de l’holocauste, le Centre Wiesenthal et d’autres associations israéliennes, ont envoyé une lettre pour demander des explications au président polonais Andrzej Duda. Les associations viennent d’apprendre qu’une vidéo scandaleuse considérée comme une œuvre d’art, diffusée au Musée d’art contemporain de Cracovie, en 2015, avait été filmée dans le camp de la mort du Stutthof. Dans cette vidéo, des hommes et des femmes jouent, courent et essaient de s’attraper comme dans un jeu alors qu’ils sont complètement nus. Qui a donné les autorisations de filmer de telles scènes dans une chambre à gaz ?
L’Ambassade d’Israël avait même financé l’exposition
La vidéo nudiste avait déjà posé problème, en 2015, lorsqu’elle avait été diffusée au Musée d’Art contemporain de Cracovie, dans le cadre de l’exposition Pologne – Israël – Allemagne, l’expérience d’Auschwiz. L’exposition qui offrait un nouveau regard sur les atrocités des camps de concentration était même soutenue et financée en partie par l’ambassade d’Israël en Pologne. Après avoir entendu les critiques, il avait été décidé de ne plus diffuser le film.
Qui a donné l’autorisation de jouer dans un camp de concentration
Mais c’est seulement deux ans plus tard que la polémique prend de l’ampleur autour de cette vidéo appelée Game of Tag (le jeu du loup, en anglais). En réalité, il vient d’être révélé que cette composition artistique était bien plus vraie que nature, car elle avait été filmée dans le vrai camp de concentration du Stutthof, près de Gdansk. Alors qu’on pensait que l’œuvre était seulement de mauvais goût, il semblerait que des comédiens nus aient eu l’autorisation à l’époque de jouer dans une chambre à gaz. Les organisations demandent aujourd’hui aux officiels polonais et même au président de donner des explications. Comment quelqu’un a-t-il pu avoir l’autorisation d’enregistrer de telles scènes dans un lieu où sont morts de milliers de juifs dans les conditions que l’on connait ?
Personne d’intègre n’oserait faire ça
La vidéo a aussi été diffusée dans un musée en Estonie, mais là aussi elle a été censurée après quelques jours. « C’est la chose la plus dégoutante que j’ai pu voir », explique Efraim Zuroff, le responsable du Centre Wiesenthal. « Ils ont menti à propos de la vidéo. C’est tout simplement révoltant et une vraie insulte pour les victimes et pour quiconque qui a un peu de sens moral ou d’intégrité ». Il semblerait que le film ait été filmé en 1999 et a été dévoilé pour la première fois lors de l’exposition en 2015. Le problème serait que le réalisateur polonais Artur Żmijewski n’a jamais nié avoir filmé l’œuvre dans un camp. Mais cette information avait été tue par le musée et les officiels qui préféraient ne pas en dire trop sur le secret de fabrication. À l’époque, le réalisateur avait même commenté sa vidéo : « Comme c’était le cas à l’époque, les gens étaient nus dans la chambre à gaz. Mais au lieu de l’horreur, on a des rires, des jouets, des jeux érotiques et des batifolages naïfs. Quel soulagement ! »
Source : Times of Israel
Images : Domaine publique/WikiCommons et captures d’écran Musée d’art moderne de Cracovie